Aïe. Ouille. ReAïe. Je suis en train de beurrer mon clavier de crème cicatrisante. Le pauvre, lui qui n'a rien demandé, il subit les effets secondaires de la castration de maïs.

Vous avez déjà castré des maïs ?

J'ai pas mal qu'aux doigts, non faut pas croire, je suis pas comme ça moi, quand j'ai mal c'est que tout va mal. Ca cogite trop dans ma tête, genre cocotte minute. Et pour évacuer tout ça, je saigne du nez régulierement, mais surtout la nuit. Surtout quand je rêve que je me bastonne avec Bellatrix Lestrange. Allez comprendre, vous.

C'est là, ici, maintenant que je commence à comprendre que j'ai perdu un ptit bout de moi. Un petit, un pas drôle, oui, mais un bout quand même. Celui qui me faisait délirer pendant les vacances, celui qui me torturait sur de beaux airs de violon, ce désir de vengeance, de haine, de violence. Aussi innofensive qu'une mouche, aussi prisonnière aussi. Je me sens proche de la mouche * enfin pas physiquement haha* alors que j'étais l'araignée. J'avais tout prévu, tissé ma toile sans négliger aucun détail, et Blam, soudain j'ai peur.

Peut-on progresser si on a peur d'avancer dans la vie ?

De perdre ce qui m'est cher, et même plus que cher car sans aucun prix. L'amour, l'amitié, tout ça, quoi. Les autres. J'en tiens  un au bout de chacun de mes doigts désormais ensanglantés. J'ai peur de dire Au Revoir, Adieu, A bientôt... Je pourrais agiter la main dans un ciel immaculé, et pleurer ensuite sur le sol poussiéreux.

Peut-on aimer si l'on est pas présent ?

Le soleil tend à revenir nous sourire. Nous nous étirons comme de vieux chats paresseux aux abords d'un lycée que nous quitterons bientôt, sans même une larme de regret. Un dernier regard empli de mélancolie, peut être. Qui sait ce qui nous attend? Nous rirons ensemble cet été, pour ne penser à rien d'autre qu'à nous et à notre potentiel bien être. Ce serait dommage de déprimer encore, alors que le bonheur est PROBABLEMENT à notre portée. Il nous suffirait de tendre le bras pour le savoir, mais nous sommes flemmards de nature, nous les jeunes.

Nous aimons le soleil et la joie de vivre, la danse et le désespoir, le goût des larmes et la beauté de la mer. On veut croire à notre avenir. On espère rester soudés pour toujours, on s'aime. Les bisous et tout ça, quoi...

Et même que notre prof de bio nous montre comment ouvrir les préservatifs avec les dents. AhA.

Et puis quelques jours plus tard, le BAC est passé par là... Les notes sont reçues, ça y est on dit adieu au lycée, sans même y penser, sans même le regretter car on l'a bu jusqu'à la lie, ce lycée. On s'en va dans un autre, un vieux, un moche, éloigné de tout et de tous. On se sent pris dans la grande machine des années, qui vous prend et ne vous lâche plus.

L'été passe déjà trop vite.

Les déterminations s'estompent, disparaissent comme des nuages soufflés par le vent.

 [Je ne veux pas disparaître...

 [ EMILIE SIMON ]

Passer un doux weekend

Et reprendre la semaine à toute allure.

Rêver au monde entier, 

Et se reconnaitre dans chaque brin d'herbe

Vouloir se nourrir de page de roman, 

Et avaler des pages de manuel de physique.

Danser sous les projecteurs, sur une scène trop petite.

Vivre sa vie. Je pense, je marche, je respire, je profite de ce qui m'entoure et je garde la tête haute.

[On a pas le droit de se casser la gueule avec des talons.

Bon. Il ne faut pas se laisser abattre. On peut être faible et se battre. Découragée et y aller quand même.

J'irai.

Je me battrai.

Rira bien qui rira le dernier...

hahaha

J'en peux plus. Vous allez vous dire encore une qui se plaint tout le temps, qui fait que de chialer, et bien vous n'aurez pas tord.

C'est les vacances, la vie est belle, il fait beau chez moi. C'est le printemps, la nature renait... C'est beau tout ça. J'avais pensé, "aux vacances d'avril je m'amuserai, parce que y'en a marre des vacances à la maison à la fin". Ben en fait non. Au final ça sert à rien d'espérer mieux. 

Je ne sais plus quoi dire à part que j'en ai marre, que j'en peux plus de travaille mange dort travaille mange dort. Ça me gave. J'ai besoin d'autre chose. C'est rien une soirée entre amis, mais ça peut changer plein de choses. Depuis quand j'ai pas fait une soirée entre amis? Une où j'étais pas malade, où j'avais envie de faire la folle, de m'amuser un peu. Le premier de l'an. Et encore, j'avais pas vraiment la tête à m'amuser.

Je vois pas la fin du tunnel. Je vois pas les vacances si je peux pas sortir de chez moi ne serait-ce que pour aller dans le jardin. J'en ai marre de pleurer. Ça me fait des cernes tous moches, même mon prof de maths me fait des reproches. Merde alors.

Il me reste que la géo à faire chez moi. Les fonds de cartes, les légendes, tout ça tout ça. Programme d'aujourd'hui : toutes les cartes des États Unis.je m'y accroche, parce que la géo ça t'engueule pas. Ça te dis que t'es nulle en coloriage que c'est pitoyable parce que c'est niveau moyenne section de maternelle. Mais sinon c'est presque amical la géo.

Je m'en fout tfaçon de pas manger, vous le savez. 

Alors votre bout de pain, vous pouvez le garder.

Je préfere le chocolat.