On ne rencontre que rarement les gens par choix. On les aime rarement par choix non plus. On va voir des amis et on rencontre leur amis, on discute, et on aime, ou pas. Le hasard peut faire que vous rencontriez quelqu'un de bien, quelqu'un de différent, quelqu'un de neuf. Il y a aussi votre famille. On dit toujours qu'on ne choisit pas sa famille. C'est vrai, et l'affection nait de la proximité, du temps passé ensemble, des émotions partagées, de l'entraide sur le chemin de la vie. Nous sommes plus redevables aux autres pour nous avoir aidé et soutenu sur le chemin sinueux de la vie, que pour l'amour qu'ils disent/pensent/espèrent nous donner. On peut remercier les gens que pour leurs choix. Pour le reste, qui peut-on remercier ?
Qui rencontrons nous vraiment par choix ? Un employeur potentiel, le boulanger du quartier, les nouveaux voisins, les gens qui peuvent nous rendre un service.
L'homme est intéressé, dans ses rencontres.
Et il y a aussi les gens que l'on est forcé de rencontrer. Pas toujours par plaisir. Les gens de la classe par exemple. Habituellement, depuis 15 ans, toute une clique de poufs, de snobs, de chieurs et autres individus pas toujours intéressants ni mêmes sympathiques. La majorité était lourde au bout de 2 mois. Quelques uns sortaient du lot, parfois, quelques uns valaient même vraiment le coup de s'arrêter et de s'y intéresser.
Joach était pas mal, il faut avouer. Question diversité des genres et des idées, question ouverture sur le monde, la politique, l'art, c'était vraiment un lycée idéal. Et puis l'Atelier à côté, aussi.
Fin de la glande, fin du jeu, fin du mois d'Août 2009. Soyons sérieuse.
Adieu le centre ville, adieu le cynisme, adieu le monde.
Bergson est loin ,Bergson est moche, Bergson n'a pas d'allure.
Je n'imaginais pas encore que ma vie de lycéenne à Joach' deviendrait banale et morne face à ma vie d'étudiante à Bergson. Et pourtant.
La vie est pleine de surprises.
Pour revenir à tous ces gens, je n'ai pas choisi de les rencontrer, mais la prépa me les a servis sur un plateau d'argent. Ce plateau d'argent est de couleur verte kaki, tendance moisi dans les coins, et s'appelle la salle 302. Notre salle. La salle des belotes à n'en plus finir, des dessins de colleurs version zoo, les chroniques de MPSI, et j'en passe.
Notre lieu de vie. Tous ces gens, tous ces inconnus même, sont devenus en quelques mois des amis, et même de bons amis. Ce sont des gens qui me manqueront un jour, des gens que je vais regretter. Ils sont pleins de ressources, ils sont surprenants, ils sont motivés et motivants, que ce soit pour faire de maths ou pour sortir, pour apprendre ou pour oublier. Ils sont un concentré de joie de vivre, et moi, les voir, ça me redonne la pêche, même les jours où je me dit que j'aurais mieux fait de rester chez moi...
*Le regarder embrouiller le colleur,
les reconduire à la gare,
m'extasier sur un schéma de rond point,
aller la voir pour les réponses des mots fléchés,
boire un thé à Nantes, faire un billard à St Nazaire ou à la Balue,
maudire la physique et se mettre à parler en anglais.
Vaquer entre la cité U et le lac de Maine.
Les voir dormir sur leur table les lendemains de soirée,
remettre le tarot indien au goût du jour,
puis aller fumer avec Elle.
Parler de tout et de rien,
se faire remarquer avec un macaron et une chemise de bucheronne.
Choisir ses cheveux longs préféré parmi les délégués.
Ne pas oser leur dire de se taire.
Parler calculatrice avec lui,
et refaire une gaffe devant un prof.
Et rire.
Encore et encore...*
Et cette ambiance. Studieuse ? Ce n'est certes pas le bon mot.
Au tableau?
La date de la prochaine soirée.
Pendant le cours de maths, on révise la physique, et pendant la physique, on fait le DM de maths. Qu'au final on recopiera tous sur Facebook, sans autre forme de procès. Nos vies sont pour le moins banales, on apprend à se *faire* casser la gueule avec la sourire.
La prépa, c'est spé (enfin plutôt sup pour le moment) mais j'aime. Plus que la première, peut être. C'est dire. Bon, OK, j'ai dû repousser un peu le prochain projet corset. Mais...
Les gens,
vous ne passerez jamais par ici,
mais je voulais le dire,
je voulais l'écrire :
Je vous aime.